Revenons à ce château dont l’histoire est jalonnée de péripéties.
Tout d’abord la légende dont nous trouvons le récit complet dans la revue de la « Société historique et archéologique du Périgord » (tome 45, année 1918 ) : le sire de Montclar voulait édifier son « repaire » au nord du vallon dans lequel se trouve le bourg, d’où il pouvait dominer la vallée du Caudeau et …correspondre par signaux avec Clermont de Beauregard dont il était également seigneur. Mais ce seigneur, manifestement lié à Satan – tant il tenait peu compte de ses engagements et de ses promesses, connut la fâcheuse expérience de voir chaque matin détruit ce qui avait été construit la veille. Un matin, las de lutter en pure perte, il se saisit d’un marteau qu’il lança en s’écriant : « Là où tombera mon marteau, je bâtirai mon château »; le marteau tomba quelques 400 pas plus bas au centre du vallon et c’est là que fut édifiée la première forteresse de Monclar.
Et puis une reconstitution historique plus détaillée que j’ai pu trouver sur deux feuillets A4 qui m’ont été communiqués par un ancien du village. Qui a rédigé ces feuillets? Quand? Sur la base de quelles informations? Nous tâcherons de répondre plus tard à ces questions, mais pour l’instant contentons-nous de recenser les informations qu’ils contiennent.
Montclar daterait du Moyen-Age : un mur en « têtes de poisson » (datable du XI° siècle) atteste de l’existence du village un siècle avant les premières mentions dans les documents d’archives. La Châtellenie, s’étendant sur neuf paroisses, aurait été fondée par les comtes de Périgord : le seigneur de Mouleydier , cadet de la maison de Bergerac, elle-même branche de la dynastie des comtes de Périgord, a été « dominus de castro de Monte-Claro ». Autour de ce centre de pouvoir se constitue un bourg astral qui devient vite un centre administratif et commercial (au détriment de l’ancienne paroisse de Saint Georges ….).
La famille de Mouleydier s’éteint en 1428, et Montclar passe par héritage dans la famille d’Estissac qui s’y installe vers 1450. Dans les années 1480-1520, Montclar est rebâti sur « un très grand plan, entièrement en pierre de taille ». Ce qu’il en reste représenterait le quart de l’édifice principal.
Au XVI° siècle, la famille des Estissac exerce une influence considérable dans le domaine des arts et des lettres. En particulier Rabelais séjourna à Monclar (il a été précepteur dun baron de Montclar, Louis d’Estissac ).
Par mariage, la famille d’Estissac entre dans l’illustre maison de la Rochefoucault. C’est à François VI, duc de la Rochefoucauld (auteur des « Maximes ») que reviennent Montclar et Estissac, que la famille conservera jusqu’à la révolution. En particulier, la duchesse de la Rochefoucauld d’Enville, fit de la forge un des principaux fournisseurs de la marine; elle obtint aussi un « bureau de contrôle », confirmant la position de Montclar comme centre administratif dans la région.
A la révolution, le château fut en partie détruit pour agrandir la forge, et servit de carrière de pierre à partir de 1840. En 1880, il fut racheté par un enfant du pays , M. Laureilhe, négociant à Bordeaux, qui restaura l’aile ouest . Propriété de la famille Bocage de 1920 à 1980, il fut ensuite pratiquement abandonné avant son rachat en 1994.